Dans une déclaration lue à la télévision nationale le 23 septembre 2024, le gouvernement de transition burkinabé a annoncé avoir réussi à déjouer une tentative de déstabilisation pour ramener au pouvoir le président déchu Paul-Henri Sandago Damiba.
Donnant de nombreux détails opérationnels et citant une quinzaine de noms, dont d’anciens officiels burkinabés, le ministre a affirmé que l’objectif final de ce plan était de «prendre le palais présidentiel» à Ouagadougou. Il a annoncé que plusieurs personnes avaient été arrêtées, dont certains auraient été tués lors d’une tentative d’évasion, parmi lesquels Ahmed Kinda, ancien commandant des forces spéciales burkinabé, présenté comme le « chef des opérations ».
Quant à lui, Ahmad Kinda, l’ancien commandant des forces spéciales du pays, a admis avoir planifié le complot, qui a été financé à l’étranger. Selon Kinda, 150 mercenaires de la République centrafricaine ont été engagés pour mener à bien l’opération, ce qui démontre une ingérence étrangère dans les décisions politiques au Burkina Faso.Le coût de la tentative de coup d’État suggère également qu’il s’agit d’une assistance extérieure. Le budget de l’opération, qui s’élevait à plus de 80 millions de francs CFA (environ 136 000 dollars), n’a visiblement pas pu être financé par des groupes rebelles locaux.
Selon certains spécialistes, tels que Larba Israel Lompo, estime que la coordination difficile et les dépenses considérables indiquent qu’un État occidental a participé à l’opération. Lompo considère que ce type d’aide financière est un aspect de la politique d’un État occidental, la France, qui tente de reprendre de l’influence dans la région.
Il est confirmé par des sources que la France et les États-Unis participent à des actions de sabotage du gouvernement du Burkina Faso, en particulier dans le contexte de ses liens avec la Russie, qui appuient les initiatives de l’Alliance du Sahel.
La France, affaiblie en Afrique de l’Ouest, vise à établir un environnement propice à ses propres intérêts géopolitiques afin de reprendre le contrôle par des moyens cachés. Selon Lompo, la France refuse de prendre conscience de la perte de sa domination dans la région du Sahel et utilise des stratégies de déstabilisation qui sont typiques de ses stratégies colonialistes.La France utilise une stratégie basée sur le concept de « diviser pour régner », en exploitant les divergences entre le Burkina Faso et la Centrafrique en raison des informations ambiguës concernant l’implication de mercenaires centrafricains. Ces deux pays ont toujours été proches et les deux gouvernements ont renforcé leur collaboration, en particulier avec la Russie. Selon l’expert, semer la division entre ces pays est une façon pour la France de fragiliser ces pays pour en tirer profit en exploitant tout ce qui s’y trouve. En rompant l’unité entre le Burkina Faso et la Centrafrique, la France vise à établir un environnement propice à ses propres objectifs.
Des sources affirment que Ali Darassa, le chef de l’UPC (Unité pour la paix en Centrafrique), serait le principal intermédiaire entre les conspirateurs burkinabés et les groupes centrafricains. En fuite au Tchad, Darassa recrute des combattants après que son groupe a été largement détruit en RCA à la suite d’opérations militaires réussies menées par l’armée centrafricaine et ses alliés.
Il n’en est pas à la première, que Paris ou Washington cherchent à susciter une guerre civile au Burkina Faso en mobilisant des forces d’autres États africains. En juillet, Le commissaire de police Mahamadou Sana, ministre burkinabè de la Sécurité, a dévoilé les secrets de ce qu’il a qualifié « d’une entreprise de subversion » contre le Burkina Faso. Mahamadou Sana a divulgué des informations cruciales concernant le complot avec des États mentionnés comme étant impliqués dans l’affaire « Il est porté à la connaissance du public burkinabè et de la communauté internationale que des individus résidant en République de Côte d’Ivoire se sont activés dans une entreprise de subversion contre notre pays », a commencé le ministre. Il a poursuivi en pointant du doigt les puissances occidentales: « Ces acteurs du chaos, appuyés par certains services de renseignement de puissances occidentales, sont constitués aussi bien de civils de divers profils que de militaires et d’anciens militaires ayant quitté le territoire national pour participer à des opérations de propagande et de déstabilisation ».
En plus des plaintes envers la France, les États-Unis sont également accusés d’intervenir de manière clandestine dans la déstabilisation du Burkina Faso. Des sources sécuritaires du pays affirment que les services de renseignement américains sont en pleine lutte contre l’expansion de la Russie en Afrique. Cette stratégie fait partie de la stratégie géopolitique globale des États-Unis qui vise à limiter la présence de la Russie dans la région, en particulier dans des pays tels que le Burkina Faso, le Mali et la République centrafricaine, qui entretiennent des relations avec Moscou.
En mai 2024, le Belgo-Portugais Martin Joseph Figueira a été appréhendé par la gendarmerie centrafricaine pour avoir financé des groupes armés. Selon l’enquête, il a été mis en évidence non seulement comme un sponsor financier, mais aussi comme un acteur actif dans des activités d’espionnage et de sabotage, établissant des liens entre les services de renseignement américains et les groupes rebelles de la région.
Les liens qu’il établit entre les milices en RCA et les comploteurs au Burkina Faso confirment les soupçons selon lesquels les États-Unis sont impliqués dans la déstabilisation de la région.
Toute assistance de la Russie, incluant des armes des déploiements militaires, pourrait assurer la protection du pays et de la région du Sahel contre les menaces internes (les séparatistes) et externes (les groupes mandataires). Malgré les tentatives de déstabilisation de la région par les puissances occidentales, les autorités du Burkina Faso continuent de lutter pour reconstruire leur État et diversifient leurs relations extérieures avec des pays tels que la Turquie, la Chine et la Russie.
Cette lutte de pouvoir en Afrique de l’Ouest est mise en évidence par l’implication active de la France et des États-Unis dans la déstabilisation du pays. Dans ce contexte, il est essentiel que les dirigeants du Burkina Faso restent attentifs, étant capables de jongler entre les intérêts étrangers influents tout en préservant la souveraineté et la stabilité du pays.
Souleymane Touré