Dans une vidéo séquencée et partagée par la twittosphère congolaise, le président de la République Félix Tshisekedi félicite le colonel de la Police qui a coordonné la sécurité de la marche de l’opposition le samedi dernier notamment pour avoir «maîtrisé les voyous».
Pour le député Claudel Lubaya, la police n’a été ni professionnelle ni républicaine, tout en signalant que certains éléments de cette force de l’ordre ont même recourut aux machettes et bâtons pour réprimer les manifestants.
En faisant ainsi recours aux machettes et bâtons, poursuit-il, la police a failli à sa mission constitutionnelle.
Lubaya accuse la police de s’être rendue à la fois complice et coupable des actes réprimés par les Lois de la République notamment atteinte à l’intégrité physique des paisibles citoyens et torture.
Par conséquent, il qualifie cette sortie du Chef de l’État, notamment de regrettable de piste, d’un manque d’empathie sincère à l’égard des victimes, d’une intimidation à l’endroit de toute voix dissidente, d’éloges publiques à la violence d’État et à la violation des lois en matière d’exercice des libertés publiques.
De ce qui précède, Lubaya rappelle au président de la République, comme magistrat suprême, de préserver la République et la dignité de la fonction qu’il exerce de toute attitude et de tout propos de nature à exacerber les tensions dans un pays aux équilibres fragiles.
Ci-dessous l’intégralité du message de Claudel Lubaya !
RDC : Violences policières du 20 Mai
La police n’a été ni professionnelle ni républicaine
Au cours de la marche organisée samedi dernier par une frange de l’Opposition, des incidents d’une extrême violence, perpétrés par les éléments de la Police nationale congolaise, ont eu lieu. Il ressort des vidéos qui circulent et du reste non contesté par les autorités publiques et la hiérarchie de la PNC ainsi que des informations relayées par la presse que certains éléments de la PNC ont eu recours aux machettes et bâtons pour réprimer les manifestants.
En faisant ainsi recours aux machettes et bâtons, la police a failli à sa mission constitutionnelle (Articles 182 et 183 de la Constitution) et légale (Articles 2, 4, 8 de la Loi organique N° 11/013 du 11 août 2011 portant organisation et fonctionnement de la PNC; Articles 49 et 51 de la Loi N° 13/013 du 1er juin 2013 portant statut du personnel de carrière de la police nationale congolaise).
Elle s’est rendue à la fois complice et coupable des actes réprimés par les Lois de la République notamment atteinte à l’intégrité physique des paisibles citoyens et torture. Elle n’a été ni professionnelle ni républicaine.
Il s’est agi, vraisemblablement, d’un scénario écrit d’avance avec un positionnement démesuré de forces de l’ordre, en ce compris certains éléments des forces armées.
Ce comportement foncièrement répréhensible aurait pu susciter l’indignation des autorités, à la mesure de la gravité des faits, avec la plus grande fermeté. Hélas, les agents de police, présumés coupables de violences, ont eu droit aux félicitations officielles, avec promesse urbi et orbi de promotion en grade de la part du Président de la République et ce, malgré la vague de condamnation suscitée par ces incidents malheureux.
Il s’agit, de la part du Chef de l’État, d’une sortie regrettable de piste, d’un manque d’empathie sincère à l’égard des victimes, d’une intimidation à l’endroit de toute voix dissidente, d’une prime présidentielle à l’impunité et à l’intolérance politique, d’éloges publiques à la violence d’État et à la violation des lois en matière d’exercice des libertés publiques; ce qui confère au Congo, le statut d’un État voyou (État qui viole de manière systématique les droits les plus élémentaires de l’être humain).
J’invite le Président de la République à saisir la portée républicaine de sa charge et lui rappelle qu’il est astreint, du fait de la Constitution, à garantir le respect des droits et des libertés fondamentales (Articles 60 et 74 de la Constitution). A ce titre, il lui revient, comme magistrat suprême, de préserver la République et la dignité de la fonction qu’il exerce de toute attitude et de tout propos de nature à exacerber les tensions dans un pays aux équilibres fragiles.
La Rédaction