Dans une récente interview accordée au média kenyan NTV, le président rwandais Paul Kagame a abordé en profondeur la question du conflit entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Ses propos font écho aux accusations portées par son homologue congolais Félix Tshisekedi, qui accuse le Rwanda d’agresser la RDC dans le but de piller ses ressources minières.
La région minière de Rubaya, connue pour son coltan, est au cœur des tensions, avec les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise. Face à ces accusations, Kagame a reconnu l’implication de certains acteurs dans le pillage des ressources congolaises. Cependant, il a souligné qu’il existe d’autres parties, plus intéressées par les minerais que le Rwanda, qui alimentent le conflit depuis des décennies.
« Ils ont retourné contre nous ce qui les intéresse… Ils disent maintenant que le Rwanda s’intéresse aux minerais congolais. Je pense qu’il y a des gens plus intéressés par les minéraux que le Rwanda et ce sont eux qui entretiennent le problème », a déclaré Kagame.
Les chiffres des exportations minières du Rwanda en 2023, publiés par l’Office rwandais des mines, ont atteint un record de 1,1 milliard de dollars, ce qui soulève des interrogations sur la transparence de ces transactions. Thierry Vircoulon, expert pour la Commission européenne en RDC, a confirmé que ces chiffres étaient gonflés en raison du contrôle exercé sur la région du Kivu et de la contrebande persistante malgré les efforts de traçabilité.
Malgré sa volonté de résoudre la crise avec la RDC, Kagame a réaffirmé que la question du M23 est un problème interne congolais. Il a également souligné que le Rwanda accueille plus de 100 000 réfugiés en provenance de RDC, illustrant ainsi son engagement envers la stabilité régionale.
Cependant, Kagame a clairement indiqué sa disposition à intervenir militairement en RDC si la sécurité du Rwanda est menacée, soulignant qu’il n’a besoin de l’autorisation de personne pour protéger son pays.
« J’ai dit à plusieurs reprises devant la caméra que si la sécurité du Rwanda est menacée, je n’ai besoin de la permission de personne pour faire tout ce que je dois faire pour garantir la protection du Rwanda », a-t-il souligné.
Les tensions entre les deux pays pourraient trouver une issue grâce à la médiation du président angolais João Lourenço, qui encourage une résolution diplomatique du conflit. Une rencontre entre Kagame et Tshisekedi sous cette médiation pourrait être envisagée dans les prochains jours.