« Le ministère des Affaires étrangères et Francophonie trouve irrévérencieux et indélicat, pour un fonctionnaire au sein de la MONUSCO, de s’autoriser d’y répondre à la place de la haute institution onusienne concernée. Certes, le retrait ne doit pas être précipité, mais ne doit pas non plus être retardé, ni gêné par des atermoiements ou faux-fuyants ».
C’est ce qui ressort d’une mise au point de cette institution gouvernementale, rendue publique, le jeudi 7 août 2023, à la suite de la réponse du directeur des Affaires politiques de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), François Grignon, au sujet de sa lettre du 1er septembre, destinée au président du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans ce contexte, au fil d’une conférence de presse tenue, le mercredi 6 septembre à Kinshasa, François Grignon expliquait que cette lettre du vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères concernant le retrait de la MONUSCO n’est pas une surprise. Elle est conforme aux communications précédentes du gouvernement.
D’après lui, le gouvernement a clairement exprimé son souhait de voir le début du retrait à la fin de 2023, après les élections, tout en soulignant l’importance d’une planification soignée. Il a rappelé que les documents antérieurs avaient prévu un processus de retrait en 2024.
Selon lui, le gouvernement et la MONUSCO sont prêts à collaborer sur le programme conjoint révisé de transition. La communication prépare également l’Assemblée générale des Nations unies de fin septembre, ajoutait le directeur des Affaires politiques de la MONUSCO.
En réaction, le ministère des Affaires étrangères et Francophonie qui, indique avoir suivi avec attention ces propos faisant allusion à la précipitation et au vide sécuritaire qui se créeraient au cas où le retrait de cette mission onusienne interviendrait avant décembre 2024, a rappelé que : « le retrait de la MONUSCO de la RDC a été décidé et annoncé par le Conseil de sécurité de l’ONU dans sa Résolution n°2409 (2018) du 27 mars 2018. Il n’est resté que sa mise en application différée depuis 5 ans », peut-on lire dans ce document signé par Alain Tshibanda Ngoy, conseiller en communication et porte-parole de ministre des Affaires étrangères et Francophonie.
Et ce, avant de poursuivre que : « Pour quiconque a lu la lettre de Son Excellence Monsieur le vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires étrangères et Francophonie du 1er septembre 2023, adressée au Président du Conseil de sécurité de l’ONU, il aura certainement retenu qu’il ne s’agit nullement de précipiter le départ de la MONUSCO, encore moins de divorcer d’avec l’ONU, ce qui dément formellement les affirmations tendancieuses de Monsieur François Grignon ».
Par ailleurs, il argue que le secrétaire général de l’ONU, M. António Guerres, a reconnu même l’incapacité de la mission onusienne d’affronter les groupes armés, en singulier le mouvement terroriste M23. Et que la situation sécuritaire et humanitaire dans la province du Nord-Kivu continue davantage de se détériorer.
« Dès lors que la plus haute autorité de l’ONU, en l’occurrence son secrétaire général, M. António Guterres, reconnaît, d’une part, que la MONUSCO n’est pas capable d’affronter les groupes armés, particulièrement le mouvement terroriste M23, et constate, d’autre part, que la situation sécuritaire et humanitaire ne fait que se détériorer chaque jour davantage dans l’Est, spécialement dans la province du Nord-Kivu, il serait criminel et contreproductif de continuer à s’accrocher au maintien de cette mission onusienne. Ce serait du reste défier le peuple congolais et ses dirigeants, et vouloir pervertir la MONUSCO qui risquerait d’être perçue comme une force de maintien de l’insécurité et de l’agression de la RDC par le Rwanda, au lieu de contribuer à sa stabilisation », a-t-il renchéri.
Toutefois, ce n’est pas la première fois que Kinshasa s’en prend publiquement à un officiel de la MONUSCO. La dernière attaque remonte au mois d’août 2022. Il avait demandé et obtenu l’expulsion du porte-parole de la mission onusienne d’antan, Mathias Gillmann. En cause, ce dernier avait répété, le 13 juillet 2022 au cours d’une interview accordée à RFI, les propos tenus deux semaines plus tôt devant le Conseil de sécurité des Nations unies par la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en RDC, Bintou Keita, expliquant que le mouvement armé M23 dispose désormais d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués, notamment en termes des capacités de tir à longue portée de mortier et mitrailleuse, ainsi que de tir de précision sur des aéronefs.
Ci-dessous le communiqué !
Avec lepotentiel.cd